Le nouveau Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC), né après un ardu processus de fusion des anciennes unités syndicales, compte 1 459 femmes et 1 630 hommes.
Bien que la majorité de nos membres soient des hommes, on trouve plus de femmes en situation de précarité d’emploi et moins de femmes détiennent le statut d’employée régulière à temps plein.
Dans la catégorie de statut contractuel (+ 13 semaines), elles sont 116, les hommes 90.
Les employées contractuelles qui ont moins de 13 semaines sont 105. Les hommes 123.
Les femmes au statut temporaire (+ 13 semaines) sont 93. Les hommes sont 85.
Dans la catégorie des temporaires (-13 semaines) les femmes sont 325. Les hommes 385.
Les femmes qui ont le statut régulier sont 820. Les hommes 947.
Tel est le panorama dans lequel nous nous trouvons en cette Journée internationale des droits de la femme 2017.
Si au début du XXe siècle la semaine de travail au Québec était de 60 heures, de lundi au samedi, à 10 heures de travail par jour, dans une absence généralisée des mesures de protection sociale et d’assurance, la lutte syndicale a réussi à réduire la semaine de travail d’abord à 54 heures. Dans les années 1930, les travailleurs obtiennent la semaine de 48 heures et dans les années 1950, la semaine de travail est de 40 heures par semaine. Dans cette lutte, avec des outils comme la grève, le piquetage, les femmes furent une force majeure, elles qui en 1905 n’étaient pas reconnues comme personnes adultes, mais comme mineures sans le droit de vote au Québec.
Les pionnières qui se sont battues pour les droits des femmes sont entre autres Caroline Dessaulles-Béique, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Thérèse Casgrain, Simonne Monet-Chartrand, Madeleine Parent. La liste est longue et riche en exemples.
Selon le professeur d’histoire Jacques Rouillard, de l’Université de Montréal, entre 1900 et 1940, le salaire réel a augmenté de 70 %. De 1940 à 1980, les salaires moyens au Québec ont augmenté de 100 %. Depuis 1980, les salaires réels n’augmentent plus au Québec.
Les conditions de travail actuelles à Radio-Canada, qui restent à améliorer, sont le résultat de la mobilisation et de l’action syndicale. Elles bénéficient même à celles et ceux qui ne croient pas dans le syndicalisme.
Avec 639 femmes dans notre syndicat qui travaillent dans la précarité comme contractuelles ou temporaires, et en sachant qu’il y a quelques membres qui trouvent ces statuts convenables, les conséquences réelles sont qu’une partie d’elles n’ont pas un emploi stable, permanent, avec des horaires adéquats qui leur permettrait de mieux organiser leurs vies, de mieux satisfaire les besoins de leurs familles.
La précarité brise la solidarité entre travailleurs et empêche de planifier une vie. C’est un outil de gestion de la main-d’œuvre qui cherche le contrôle et la soumission des employées qui vivent dans la crainte constante de ne pas être appelées ou de voir leurs contrats de travail non renouvelés.
La précarité fait partie de l’arsenal néolibéral tel que décrit par l’économiste Jeffrey Sachs. C’est la « flexibilisation de la main-d’œuvre » et qui à l’intérieur de Radio-Canada laisse le terrain libre au « casting », aux formes de favoritisme et une cruelle absence de la diversité.
Cette précarité d’emploi voulue sert aussi à déblayer le chemin vers la privatisation de Radio-Canada.
Le syndicat a le devoir de défendre la pleine égalité entre femmes et hommes dans toutes les sphères. Et il le fait.
Depuis 1997, dans une histoire qui se prolonge depuis 20 ans, le SCRC réclame l’équité salariale pour les recherchistes avec rétroactivité à 1995. L’employeur a contesté systématiquement et porté en appel toutes les décisions. L’affaire est en suspens depuis juin 2015. Cela fait donc 20 ans que ça dure.
Dans un contexte de négociations en vue d’une nouvelle convention pour les trois anciennes unités syndicales, le SCRC demande spécifiquement à l’employeur l’instauration d’un véritable retrait préventif pour les femmes enceintes.
On demande aussi l’harmonisation des plages salariales à l’interne et avec la Guilde canadienne des médias, rattraper les retards salariaux selon les ex-unités, augmenter les salaires de 3,5 % la première année, 3,5 % la deuxième année, et 3,5 % la troisième année et payer les heures affichées pour les temporaires.
Parmi d’autres mesures qui cherchent à améliorer les conditions de travail des femmes et des hommes qui font partie du SCRC se trouvent l’obligation de l’employeur à remplacer les absents, favoriser le travail à temps partiel pour les employés permanents et à temps plein pour ceux et celles qui le désirent, et instaurer un processus paritaire contre le harcèlement et pour le respect au travail dans la convention collective.
En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, il est important de se rappeler que les gains des employées et travailleurs sont le fruit de la mobilisation et de l’action syndicale sous toutes ses formes, et qu’il est important de saisir la nature idéologique et politique dans laquelle s’inscrivent les changements à Radio-Canada et trouver les moyens de faire avancer les droits des femmes les 365 jours de l’année.
Bonne fête à toutes