À la suite de l’annonce de l’officialisation de la Maison de Radio-Canada le 28 juillet dernier, nous avons reçu la lettre d’un citoyen, Cédryk Lessard, qui s’insurge contre la vente de la tour.
Il exprime dans sa lettre l’amour qu’il porte à Radio-Canada et interpelle ses employé(e)s pour la sauvegarde de ce service public.
Nous avons donc décidé de transmettre la lettre à tous nos membres.
Bonne lecture.
Lettre d’un téléspectateur aux employés de Radio-Canada :
“J’ai 24 ans. J’ai aimé Radio-Canada. Je viens d’apprendre que la vente de votre tour a été officialisée. Je suis un citoyen ordinaire, de l’autre côté de l’écran, et ce texte s’adresse à vous, employés de Radio-Canada, partout au pays.
Quand j’ai appris la vente de votre tour, j’étais pris de colère, non envers vous, ni envers ceux qui ont conclu cette vente, mais envers l’absurdité même des détails de cette vente. Pourquoi vendre la partie est de votre terrain pour 1$ au groupe Broccolini, pour que ce groupe bâtisse un bâtiment plus petit, qui coûtera 21 millions de dollars par année de location aux contribuables canadiens ? Est-il légitime que la population canadienne paie des frais de location à des intérêts privés, plutôt que d’être propriétaire de son bâtiment ?
À la lecture de cette nouvelle, j’ai eu envie de me battre, d’aller sur le terrain, d’empêcher cette construction, de crier haut et fort cette absurdité, pour sauver Radio-Canada.
Mais pour sauver quoi, au juste ? J’ai aimé Radio-Canada, j’essaie de l’aimer encore, mais je ne l’aime plus. J’aime le souvenir de Radio-Canada. Celui de mon enfance, qui s’efface d’année en année. En voulant faire concurrence aux réseaux privés, Radio-Canada a produit de plus en plus de contenu de divertissement, de variétés. Elle a copié tant et tant la concurrence, qu’elle en a perdu son identité.
Pourquoi défendre Radio-Canada, si Radio-Canada n’a de Radio-Canada que le nom ?
Votre président, monsieur Lacroix a écrit dans sa lettre ouverte de février 2016, qu’en diminuant ses effectifs, en déménageant dans plus petit, que Radio-Canada est « tournée vers l’avenir ». Seulement l’avenir n’est pas synonyme de mieux, il rime parfois avec pire. Et parfois, il peut être bon de se tourner vers le passé, car il y a peut-être des valeurs importantes qu’on a laissées tomber en chemin.
Je suis prêt à me battre pour la Société Radio-Canada, pour vous, employés, et avec vous. Je ne vous dirai pas quelle Société Radio-Canada sauver. Mais convainquez-moi. Proposez-moi une vision, un Radio-Canada qu’on a envie de porter à bout de bras. Et alors je marcherai avec vous, Nous marcherons avec vous.
Mais si vous laissez ce joyau public décliner, je le regardai couler avec vous.
C’est en fait ce qui se produit en ce moment. Depuis plusieurs années.
La suite des choses est entre vos mains.
D’un citoyen, fidèle téléspectateur de Radio-Canada, qui aimerait être fier de Radio-Canada.
Cédryck Lessard”